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Les News de Seb Seb
27 octobre 2015

Uber et le futur de notre société ?

Je n’ai pas changé d’avis depuis ma note de blog du 20 décembre 2014 sur Uber. La bataille avec les taxis va aller d’apaisements temporaires en regains de violence, mais je ne crois pas que l’Etat puisse empêcher ce « covoiturage organisé » que gère UberPop. Si l’application est fermée de force, outre un procès long et incertain, une autre, ou d’autres, applications verront le jour. Le conseil que je donnais aux taxis d’améliorer leur « offre », notamment aux heures de pointe à Paris, et de réclamer une forme de compensation sous forme de distributions gratuites de plaques à ceux qui approchent de la retraite, me paraît la seule solution pour leur assurer une fin de vie active correcte. La protestation des taxis a viré à la violence porte Maillot, le 25 juin 2015 à Paris (THOMAS SAMSON/AFP) Ce qui se passe a dû se produire, sans doute avec moins de violence car les usagers, et les utilisateurs étaient moins nombreux, avec les fiacres, quand les taxis sont apparus. Leur mort professionnelle a duré une trentaine d’années peut-être, entre 1920 et 1950. Je me rappelle encore avoir vu, enfant, des fiacres offrant leur service aux Champs-Elysées... au milieu des taxis. Et le chemin de fer au XIXe siècle, a tué les diligences et les relais de poste. Etant une société plus policée, bien que le problème soit numériquement plus ample, nous devrions trouver des solutions d’apaisement. Mais ce litige n’est lui-même qu’une des manifestations d’un phénomène beaucoup plus large, sociétal, systémique, qui est l’horizontalisation de la société, auquel Internet donne un élan irrésistible. Prenons le champ politique ! La démocratie représentative, qui s’est substituée aux monarchies autoritaires, était verticale. Le nouveau Dieu qui adossait les gouvernements républicains, c’était le peuple convoqué périodiquement aux urnes. On demandait d’ailleurs autrefois aux électeurs de « se découvrir » devant l’urne comme à la messe. Mais une fois élu, le gouvernement, d’en haut, dirigeait effectivement la nation (ou la commune ou le département). La société politique restait « verticale » mais avec un autre sommet. Seuls les médias exprimaient des opinions variables sur les débats politiques. Avec la « démocratie d’opinion » liée aux sondages, s’est opérée déjà une forme d’éclatement. Les réseaux sociaux qui aujourd’hui permettent des sondages permanents, mais par lesquels, surtout, les internautes débattent – insultent et agressent aussi ! – aux côtés des élus, de tous les problèmes, la société politique s’est, en quelque sorte, largement horizontalisée. Au point que les nouveau citoyens, rameutés en masse à des manifestations par Internet, ne comprennent plus pourquoi, un gouvernement, élu un ou deux ans auparavant sur un programme, ne remet pas en cause continuellement ce programme en fonction de l’ampleur de ces manifestations. Internet, à cet égard, comme l’ont prouvé les Révolutions arabes a littéralement embrasé les foules. Prenons un autre exemple, qui a été très bien décrit par Jeremy Rifkin, dans « La Nouvelle Société du coût marginal zéro » (éd. Les Liens qui libèrent, 2014), celui des transports par camion. Hier, chaque camion était révisé périodiquement, quand c’était bien organisé, voire seulement en cas de panne, sur décision de la direction de l’entreprise de transport. Aujourd’hui déjà, en tous cas demain, un très grand nombre de pièces du véhicule s(er)ont munies de capteurs qui mesurent leur usure ou leurs dysfonctionnements et déclenchent, en dehors de toute révision, un changement de pièce à l’étape suivante, la plus adéquate, assurant donc, sans intervention du « haut », l’entretien permanent du véhicule. Autre exemple encore : l’énergie électrique. La France, à cet égard , est l’archétype de la verticalité. C’est un centre de commandement qui de Paris, organise la distribution du courant par les 58 réacteurs nucléaires , et/ou la « libération » des eaux des barrages, la mise en route de centrales complémentaires à charbon ou gaz. Une véritable « nucléocratie » s’est instituée autour de cette gestion. Au point que les kilowatts-heure renouvelables sont vendus eux-mêmes à EDF pour être ensuite redistribués. Demain, peut-être plus tard en France vu le pouvoir de la nucléocratie, alliée aux absurdes résistances locales contre les éoliennes ou hydrauliennes, chaque groupement humain, village ou ville, aura ses propres sources d’énergie locales (éoliennes, hydrauliennes, solaires, géothermique, de biomasse) dont elle assurera le fonctionnement alternatif, la distribution aux bénéficiaires immédiats – également propriétaires des installations productrices – et l’échange avec les communautés voisines. La multiplicité des sources d’énergie, comme un usage plus intelligemment économe de celle-ci, et les progrès dans le stockage, pallieront l’intermittence des sources renouvelables, éternel argument des nucléocrates. Des réseaux internet assureront, avec des réseaux de « compteurs intelligents », l’usage alternatif de telle ou telle énergie, au profit des bénéficiaires locaux ou d’une autre communauté voisine. Cette organisation horizontale diminuera considérablement le transport d’électricité sur grande distances avec ses horribles pylônes et ses pertes en ligne. Quelques centrales nucléaires seulement, sur sites bien choisis, notamment en fonction des nouvelles cartes sismiques, peut-être des EPR s’ils fonctionnement un jour, couvriront les besoins en énergie des trains et de quelques grosses industries.

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